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Des ténèbres aux étoiles - Chapitre 01

Dernière mise à jour : 18 mai 2023

La vie est comme une bicyclette. Pour garder l’équilibre, il faut avancer. - Albert Einstein

Je souffle et m’étire mollement, tel un chat paresseux. Mes muscles ankylosés par le voyage se détendent tant que j’accuse un bâillement. Les pieds ancrés dans ce sol dont j’ai toujours rêvé, debout sur le trottoir après ce créneau réussi, j’ôte enfin mes lunettes de soleil en me frottant l’arête du nez. La route m’a semblé interminable. Une bourrasque me prend en traître et je peine à retirer mes cheveux de mon visage. Un jour, j’aurai le courage de les laisser pousser et abandonnerai enfin cette coupe au carré que je porte depuis vingt-trois ans. Je n’y peux rien : après chaque rendez-vous chez le coiffeur, je me jure que, cette fois-ci, je les laisse pousser, mais quatre mois plus tard je craque et lui ordonne de faire valser ses ciseaux. Pourtant, cela fait au moins quinze ans que je rêve d’une chevelure de princesse. De nattes, de chignons serrés, de boucles dévalant gracieusement sur mes épaules laissées nues par une robe bustier qui s’envole lorsque je tourne. Pour l’heure, mes cheveux courts couleur ambre me donnent du fil à retordre avec ce vent qui m’accueille grossièrement.

Je m’imprègne de ma nouvelle vie et plisse les yeux, surprise par l’intensité du soleil qui contraste avec l’agressivité du vent. Moi qui m’attendais à être accueillie par une brume épaisse ou une pluie torrentielle, j’esquisse un sourire de satisfaction. Les rumeurs sur le climat préservent en fait les plus grands secrets de la Bretagne.

Je pivote les talons pour examiner les alentours. Cette rue ressemble à n’importe quelle autre. De vieux bâtiments bordés par des allées de noyers feuillus, rien que je n’avais pas déjà vu à Lyon. Pourtant, j’éprouve l’étrange sensation d’une atmosphère pesante depuis que j’ai posé le pied au sol, comme si quelque chose d’invisible planait au-dessus de ma tête. De la même manière que si l’on m’avait caressé d’un doigt gelé, un frisson court le long de ma colonne. Je me reprends, sans doute est-ce lié à cette bise à laquelle je ne suis pas habituée, ou à l’air marin que je n'ai encore jamais respiré. L’haleine fraîche du vent emplit mes narines de son effluve iodé. C’est agréable, et je me surprends à clore les yeux un instant. Mais rien à faire ; la sensation revient aussitôt que mes paupières se ferment. Mon ventre se noue subitement et mes mains se couvrent d’une pellicule moite. — Margot, tu es fatiguée. La nouveauté est toujours angoissante, non ? me rassuré-je à voix haute.

Une volée d’oiseaux qui chantent me sort de ma torpeur. Je me rends alors compte que cette rue est étrangement silencieuse. Ni voiture, ni passant, ni même un collégien du bâtiment voisin ne foule le bitume. Seules les corneilles sont présentes pour m’accueillir dans cette petite ville bretonne. Saisissant l’enveloppe où se trouve la clé de mon studio, j’inspire pour reprendre contenance. Une fois chez moi, tout ira bien.

Numéro 1412, c’est ici, observé-je sans surprise. Depuis que j’ai eu la confirmation de location, je n’ai cessé de rêvasser devant les images satellite de l’entrée de ce bâtiment du XVIIIe siècle. Depuis deux mois, il ne s’est pas passé une journée sans que je ne lorgne cette rue, cette façade et cette commune aux allures si mystérieuses. Ma venue n’a pourtant pas été simple. Mes appels et mails à la mairie sont restés sans réponse pendant plusieurs semaines avant que j’aie l’idée de contacter la commune voisine, qui m’a indiqué un autre numéro. Une fois en ligne, la secrétaire m’a assuré qu’aucun logement n’était disponible et que je ne trouverais pas de travail à Huelgoat, surtout dans ma branche. Cela ne m’a guère surprise, et j’étais prête à laisser de côté le stylisme et à effectuer quelques travaux de couture en attendant de monter mon entreprise. J’ai rappelé, deux, trois, dix fois jusqu’à ce qu’enfin, un studio se libère et que je reçoive les clés par courrier. Et comme par magie, dans la foulée, un mi-temps de couturière devint disponible dans la seule boutique de vêtements de la ville. En un instant, c’était comme si cette vie avait été faite pour moi, comme si le destin avait enfin ouvert les yeux sur l’avenir que je voulais me dessiner ici. Impatiente, j’ai pris la route sous le regard soucieux de mes parents, peu emballés par cette idée. À huit cents kilomètres, dans le Jura, ils n’ont enfin plus aucun contrôle sur moi. Il faut avouer que, bien qu’ils m’aient payé la licence de stylisme, ils ne m’ont jamais comprise et espèrent encore aujourd’hui que je vais me trouver un métier bien rangé de secrétaire, comptable ou infirmière.

Me voilà enfin tranquille et enfin adulte !

Sentant un regard sur ma nuque, je lève les yeux et surprends une silhouette postée devant une fenêtre. Elle se glisse derrière un rideau aussi rapidement que l’antilope fuit le lion. Je fronce les sourcils et me rassure à haute voix :

— Ne t’inquiète pas, Margot, c’est juste un voisin curieux.

L’excitation devant cette majestueuse entrée délie le nœud qui, jusque-là, encombrait ma gorge. Un imposant heurtoir orne la lourde porte. Je dois me retenir pour ne pas le claquer et rompre ce silence pesant. Je souris en découvrant que la clé fonctionne et la regarde en lui parlant comme à un être humain :

— Tu aurais très bien pu être la clé de Barbe-Bleue, toi, j’espère ne pas trouver de cadavres d’anciennes couturières !

J’entre. Face à moi, un couloir s’étire en direction d’un escalier en colimaçon. Mes poils se dressent sous l’assaut de la fraîcheur humide du bâtiment. L’odeur qui occupe soudainement mes narines est typique de ce genre de lieu, un doux mélange de boisé et de renfermé. D’un pas silencieux, je m’approche de l’escalier qui mène à mon studio. Il est si haut que je n’en distingue pas le sommet. Ses marches froides et larges, façonnées dans une belle roche blanche, semblent avoir été lissées par les nombreux passages au fil des siècles. Son garde-corps, conçu de bois et de fer forgé, dégage quelque chose de céleste, de divin.

— On dirait que tu mènes tout droit au paradis, dis-je en caressant la rambarde en chêne.

Doucement, marche après marche, j’imagine tous ces gens qui ont vécu ici. La tête haute, j’attrape mon gilet comme s’il s’agissait d’une longue robe de princesse, et grimpe avec de lents gestes gracieux. Puis je me recule brusquement et menace à l’aide d’une épée imaginaire le mousquetaire invisible prêt à m’attaquer sans vergogne. Épuisée par ces quatre étages animés, je relâche les épaules dans un soupir lorsque je découvre mon appartement.

Rénové, immaculé et épuré, il détonne totalement avec le reste du bâtiment et ne ressemble pas aux photos que j’ai reçues. Où sont passés la moquette aux murs et le parquet usé ? Après avoir vérifié le numéro, bien que ma clé corresponde au barillet, je dépose mon sac à main au sol et visite les lieux. Le tour est rapide : une salle de bain d’une taille plus que convenable pour un studio, une petite cuisine agrémentée de son mini-frigo, et une pièce à vivre où se trouvent table, chaises, ainsi qu’un canapé-lit.

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Vautrée dans le canapé, j’observe les sacs et cartons que je dois désormais ranger. Je soupire à l’idée de passer encore des heures à sortir ce que j’ai déjà pris des heures à emballer. Je décide que le minimum vital sera à sa place dès ce soir, et le reste attendra. J’ai encore une semaine avant d’attaquer mon nouveau job ; ce délai me paraît tout à fait convenable pour terminer de déménager. Après avoir trié et rangé mes affaires de toilette et ustensiles de cuisine, je sors ma machine à coudre ainsi que mes trois cartons de tissus, le stock indispensable si je veux créer mon entreprise de couture sur mesure.

— Là. Sur ma table, juste ici. Tu seras bien. Juste à côté de moi, mais interdit de me piquer mon assiette ! ordonné-je à ma machine à coudre en riant, tout comme si j’étais Belle au milieu de son château ensorcelé.

Assise au sol, je défais mes cartons d’étoffes. Je pourrais inlassablement toucher, sentir, assortir, découper… La texture des matières, l’élasticité, l’odeur, les couleurs, tout cela se mélange dans mon esprit. La plupart du temps, les dessins se forment dans ma tête comme sur une feuille de papier et je me retrouve en transe. Les aiguilles, les ciseaux dansent sous mes doigts. Dans ces moments, le bruit de la machine à coudre emplit la pièce jusqu’au petit matin et le soleil se lève souvent sur mon ouvrage terminé. J’aime inventer, découvrir, coudre et découdre, recommencer jusqu’à arriver à ce but que mon esprit a dicté.

Pour l’heure, je m’empare d’un tissu bleu roi, me lève et l’enroule autour de ma poitrine. Puis je virevolte en faisant danser les pans. Un, deux, trois, un, deux, trois, mimé-je en valsant avec un cavalier invisible, et le tissu volette comme s’il était envoûté. Encore enroulée dans l’étoffe, je m’affale dans le canapé et observe le ciel à travers le velux. C’est ici, j’en suis sûre, que je vais réaliser mes rêves. Je serai une styliste réputée, j’adapterai les tenues aux silhouettes de mes clientes quelles qu’elles soient. J’aurai tout un tas de vrais amis, pas comme mes camarades de promo, prêts à tout pour être le numéro un, même à me marcher dessus au sens propre. Et surtout, je trouverai l’amour, le vrai. Celui dont tout le monde rêve. Le prince charmant qui m’attend est ici, j’en suis convaincue. C’est à Huelgoat, que ma vie commence réellement !

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Prête à rencontrer du monde, me voilà qui referme la porte sur mes cartons encore entassés. Et encore pleins. Tout un tas de songes bizarres sont venus me visiter cette nuit. J’étais comme prise au piège dans une forêt, mais sans l’être vraiment. Et autour de moi flottaient des silhouettes multicolores et sans visage. Je lève les épaules et fais une moue en y repensant,, puis m’empare de mon trousseau de clés. Aussi gracieuse qu’une danseuse classique, je rêve en descendant le majestueux escalier. Qui sait quelle merveilleuse femme a emprunté ces marches avant moi ? Arrivée au premier étage, curieuse, je tends l’oreille en percevant une voix féminine éraillée dans l’appartement du palier. C’est le premier son humain que j’entends depuis que j’ai posé le pied en Bretagne.

— Gurval, je t’ai déjà dit que non ! Tu es très bien ! On verra plus tard. Viens donc me dire ce que tu veux manger, va !

Sourire aux lèvres à l’idée de rencontrer prochainement ces voisins que je suppose être un couple âgé, je me dirige vers les boîtes aux lettres. Les noms apposés ont tous une consonnance bretonne, et je ne me souviens déjà plus de l’étrange prénom de mon voisin du premier. La joie illumine mon visage lorsque je découvre le mien inscrit sur l’une des boîtes.

Une bourrasque humide me crible de gouttelettes au moment où je sors de la bâtisse. Étrange… Il y a cinq minutes, depuis mon velux, le soleil était radieux.

— Vent, si tu as quelque chose contre moi, dis-le ! lancé-je sans redouter de passer pour une folle, la rue étant aussi vide que la coquille de l’escargot après le repas de Noël.

Sautillant plus que marchant, protégée par mon caban, je me hâte de visiter le petit centre-ville et ses trésors.

J’ai choisi la ville d’Huelgoat pour sa singularité. Mon esprit a toujours eu besoin d’être nourri par la magie, la féérie. Persuadée que les contes de Grimm, Perrault et Andersen sont tirés d’histoire réelles, je suis prête à tout pour vivre moi aussi un destin hors du commun. Quelque chose d’invisible m’a poussée à quitter Lyon, le Jura et mes parents. J’ai toujours eu l’impression que mon avenir serait différent, que quelque chose m’attendait quelque part. Je me sens soulagée depuis que Google a mis Huelgoat sur ma route. C’était comme si j’étais au fond d’un trou et qu’une perche m’avait été tendue. Cette commune est entourée d’une forêt mystique, un berceau de légendes celtes. La rivière d’Argent. La grotte du Diable. Le moulin du Chaos. Comment ne pas avoir envie d’y vivre ?

Quinze minutes plus tard, lorsque j’entre dans le magasin de vêtements, la vendeuse me dévisage comme si j’avais trois yeux. Puis, regard au sol, elle se sauve derrière un lourd rideau. Une femme plus âgée en sort quelques secondes plus tard.

— Mademoiselle, on peut faire quelque chose pour vous ? lance-t-elle d’un ton peu aimable.

— Oui. Bonjour. Je suis la nouvelle couturière.

— Ah !

Elle croise les bras sur sa poitrine et me reluque de haut en bas. Je recroqueville mes orteils dans mes baskets et pince les lèvres, embarrassée.

— Vous ne commencez que lundi, poursuit-elle en arquant un sourcil.

— Oui, madame. Je venais me présenter. Voyez-vous, je suis arrivée hier et j’avais hâte de rencontrer du monde. J’habite à côté du collège et je n’ai encore croisé personne. Je serai ravie de faire votre connaissance, dis-je presque sans respirer, en m’approchant pour tendre la main à ma nouvelle patronne.

Sourcil toujours en l’air, elle toise ma main tendue. Je la repositionne sur ma cuisse dans un geste plus que rapide.

— Si vous ne voulez rien acheter, je vous demanderais de ne revenir que lundi. Je vous attends à 8 heures. Vous emporterez le travail à repriser chez vous et ne reviendrez que mercredi, et ensuite vendredi.

— Bien, madame.

Le cœur dans les tempes, je tourne les talons pour quitter cet endroit hostile. J’espère que tous les habitants ne sont pas aussi peu accueillants ! Cette dame me fait un peu trop penser à la secrétaire de mairie, qui n’avait déjà pas l’air de vouloir que je m’installe ici.

— Café-bibliothèque, bonne idée ! dis-je en lisant le nom sur la devanture d’un commerce un peu plus loin, la tête rentrée dans les épaules pour essayer de passer inaperçue.

Je me suis essuyé le nez, j’ai remis mes cheveux en place, vérifié que je n’avais pas maquillé qu’un seul côté de mon visage, et même scruté mon reflet : je ne trouve pas la raison à tous les regards appuyés que j’attire depuis vingt minutes. D’un côté et de l’autre du trottoir, hommes, femmes, enfants, tout le monde me dévisage comme si j’avais la peau verte et le nez crochu. Ils me toisent de loin et s’écartent en fronçant les sourcils comme si j’avais la peste.

Après être allée jusqu’au bout du trottoir et découvert tous les commerces de la rue, j’opère un demi-tour, un petit café me fera le plus grand bien. Une douce clochette m’accueille tandis que je me laisse envahir par cette merveilleuse odeur fumée de café torréfié. La chaleur de la pièce m’aide à relâcher les épaules. Le bois est partout, au mur, au sol, au plafond, rongé par endroits, très veiné à d’autres. On pourrait jurer que ce lieu date du temps des rois. Une allée de livres ourle le chemin qui mène au bar, d’où provient l’effluve de boissons chaudes. Bercée par le silence, digne d’une bibliothèque, je m’avance vers les étagères et caresse les ouvrages du bout des doigts. Les couvertures semblent faites en peau de bête et appartenir à une époque si lointaine que je ne lui donne pas d’âge. Ça papillonne dans mon estomac, j’ai enfin trouvé un lieu magique. Peut-être qu’ici, je trouverai un grimoire avec des incantations, qui sait ? Je sens que ce café sera parfait pour m’inspirer les futures tenues de ma collection ! J’aime la mode des époques révolues. Les manches bouffantes et cols carrés dentelés de mes derniers modèles ont fait à la suite de la réédition de La Chronique des Bridgerton.

— Oui ? questionne la jolie brune derrière le comptoir, occupée à sa machine à café.

Je sursaute et bafouille en me dirigeant vers la jeune femme :

— Pardon, je voudrais un café, s’il vous plaît.

Elle se recule d’un pas en se retournant.

— Vous en êtes sûre ? Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.

La femme doit avoir à peine dix ans de plus que moi. Malgré ses mimiques méfiantes et ses sourcils arqués, ses traits sont doux.

— Si vous n’avez que du thé, je prendrais cela, peu m’importe, dis-je en recroquevillant mes orteils.

L’espoir qui m’inondait en entrant ici s’évapore déjà. Je savais que m’intégrer dans une nouvelle ville, même petite, ne serait pas chose facile, mais je n’imaginais pas subir autant d’animosité de la part des habitants. Même acheter un café est compliqué ! Face à la jeune femme qui me dévisage, je me liquéfie. Je la surprends en train de serrer les dents et de craquer ses phalanges une par une. Mal à l’aise, je me mets à chuchoter :

— Mais qu’est-ce que j’ai sur la tête, bon sang ?

La serveuse se détourne, lève les yeux au ciel et esquisse un rictus pincé qui me plonge encore plus bas dans l’embarras.

— Allez vous asseoir, je vous apporte un café. Espresso, court, allongé ?

— Un court sera parfait, merci.

Étant donné que toutes les tables sont vides, je choisis la plus proche de la sortie et prépare déjà la monnaie pour ne pas perdre de temps. J’ai hâte de retourner me calfeutrer dans le confort dans mon appartement. Plateau à la main et port de tête altier, la jeune femme s’approche de moi.

— Vous êtes la nouvelle, hein ? Je ne pensais pas vous voir si tôt.

— Je ne savais pas que mon arrivée avait été annoncée sur les bans, grincé-je.

Elle rit timidement.

— Peu de personnes viennent à Huelgoat. Cela fait des années qu’il n’y a pas eu de nouvel habitant.

— Ça, j’ai cru le comprendre, soupiré-je en soufflant sur la fumée de la tasse, que je porte à mes lèvres.

La jeune femme croise les bras sur son plateau vide posé contre sa poitrine.

— Rozenn.

— Il est très bon. Je n’y connais rien en nom de cafés ; en temps normal, je prends des arabicas.

Sa gorge émet un son guttural. Elle se moque de moi.

— Non, Rozenn, c’est mon prénom.

Je dépose la tasse en reversant un quart de ce qu’il me reste de café, la surprise a rendu mon geste maladroit.

— Rozenn, c’est très joli ! Pardon, je suis vraiment confuse… Veuillez m’excuser. C’est que je n’ai parlé à personne depuis plusieurs heures et j’ai bien cru que ça resterait comme ça pendant des jours… Je suis tellement contente de vous rencontrer, Rozenn ! Merci pour le café, il est excellent. Vous travaillez ici depuis longtemps ? Y a-t-il des choses à visiter en priorité à Huelgoat ? Vous êtes déjà allée dans la grotte du Diable ? Pourquoi le pont du Chaos se nomme-t-il comme ça ?

Elle m’interrompt en retirant sa main de la mienne.

— Je vais retourner travailler.

— Oui, pardon. Rozenn. C’est vraiment très joli.

— Empruntez les livres que vous voulez, ça sera l’occasion de revenir boire un café quand vous les aurez terminés.

— Merci, vraiment.

Deux cafés plus tard, je me lève en saluant la jeune serveuse.

— À bientôt, et encore merci pour votre accueil !

— Bonne journée, Margot.

L’estomac pincé, je me retourne d’un geste vif.

— Mais comment… Merci, bonne journée également.

Ce n’est pas le moment de chercher la petite bête. Elle a sans doute vu mon prénom sur l’une de mes affaires ou sur ma carte bleue. Même si j’ai payé en liquide… Peu importe, je suis convaincue que Rozenn deviendra ma nouvelle meilleure amie !


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