top of page

Les Néo-Gaïens T02 : Clara - Chapitre 01


2 septembre 2027


Son visage est ce qui me choque le plus alors que je contemple ma mère, allongée dans ce grand lit blanc. Les cernes bleutés, les veines saillantes de son cou, la peau blanche et sèche, et ses grands yeux, rendus globuleux sous l’effet de la maigreur extrême de ses traits. Pourtant, elle me sourit de ses fines lèvres gercées, et je retrouve alors ma véritable maman. Celle qui me racontait une histoire chaque soir avant de dormir, celle qui posait un baiser magique sur mes plaies, celle qui me défendait à cor et à cri lorsque les remontrances incessantes de mon père finissaient par me faire pleurer… Elle est toute ma vie et bien plus encore. Seulement, ma mère n’étant qu’une Norms, elle ne possède pas le système immunitaire des Mods, et le cancer aura bientôt raison de ce corps frêle, dont le délabrement est soigneusement caché sous les couvertures. Ce qui, en revanche, n’a pas changé, ce sont ses magnifiques cheveux, où les rayons du soleil se reflètent comme pour accentuer leur beauté naturelle.

Elle sort de sous son cache-misère une petite boîte bleue enrubannée et me la tend de son bras tremblant et squelettique. Mes yeux me brûlent, car je me retiens de fondre en larmes. Papa me l’a interdit, prétextant que je suis assez grande pour comprendre. Mais que suis-je censée comprendre, exactement ? Que la vie donne d’une main pour mieux reprendre de l’autre ? Que je ne suis qu’un pantin aux mains d’un destin qui ne me permet pas d’aider ceux que j’aime ? Que je vais me retrouver seule face à un homme aussi froid qu’intraitable, aussi puissant que lunatique, un homme rendu si amer par la maladie de sa femme qu’il ne s’occupe plus de sa fille ? L’homme à la tête de l’organisation souveraine dans cette ère post-Z… en résumé, un être extrêmement dangereux !

Je m’empresse de récupérer le présent de ma mère pour lui éviter de se fatiguer trop vite. Je me réjouis bien malgré moi de ce cadeau… certainement le dernier de sa part, si j’en crois l’avis de ses trois médecins. Le couinement lors de l’ouverture me fait sourire nerveusement ; toutefois, lorsque mon regard se pose sur le camée bleu que j’ai tant admiré dans la boîte à bijoux maternelle, je ne peux empêcher plus longtemps mes larmes de couler.

« Jamais je ne le quitterai, maman, je te le promets ! » m’exclamé-je, avec un peu trop d’enthousiasme pour l’état de santé fragile de ma mère.

Et, sans attendre davantage, je me précipite devant sa belle coiffeuse en acajou pour attacher le collier et m’émerveiller de mon reflet pendant une éternité. Du moins, c’est l’impression que j’en ai à chaque fois que j’y songe depuis.

Et pour cause : lorsque je me retourne, ma mère a toujours les yeux grands ouverts, mais ces derniers sont vides… éteints. Encore un terrible évènement que mon père pourra me reprocher pour le restant de mes jours : avoir laissé mourir la femme de sa vie.


* * *

Mars 2040


Je suis coincée dans cette pièce depuis ce qui me paraît des siècles, alors que cela ne fait en réalité que quelques heures. J’aurais dû profiter de ce laps de temps pour me reposer avant notre départ de ce matin, mais l’insomnie m’a tenu compagnie, comme d’habitude… Ce n’est pas forcément désagréable ; après tout, elle fait partie de ma routine depuis si longtemps qu’elle me semble normale. Toutefois, la raison de celle de cette nuit est bien moins anodine que d’ordinaire : elle se nomme Vince !

Il s’est enfin assoupi sur le matelas gonflable qui traîne à côté du lit. Heureusement, d’ailleurs, car je ne crois pas que j’aurais pu supporter plus longtemps son silence accusateur et son regard réprobateur. De toute évidence, mon implication soudaine dans sa cause n’est pas franchement pour lui plaire… Je me demande bien pourquoi.

Il gesticule toujours autant dans son sommeil, et je dois bien reconnaître que, de mon côté, j’aime toujours autant l’observer dans ces moments propices. Il a les traits détendus, sereins, et sa jeunesse ressort alors véritablement. Car je n’oublie pas que, sous ses airs de gros dur à la langue bien pendue, il est jeune. Plus jeune que moi, pour tout avouer. À une période de ma vie, c’était un obstacle supplémentaire à notre histoire, un parmi tant d’autres, mais maintenant, nos deux années d’écart me font juste sourire… d’amertume. Quel gâchis ! Notre amour était condamné d’avance, et pourtant, même après toute cette souffrance, je ne peux m’empêcher d’espérer que nous avons encore une chance…

Soudain, le grand brun se retourne, et je peux dorénavant fixer mon attention sur son visage, en particulier sur une mèche de ses cheveux trop longs qui lui titille le nez. Je souris bêtement en le voyant froncer légèrement ce dernier pour tenter de dégager l’importune qui ose troubler son repos. Je vais pour la déplacer délicatement afin d’éviter qu’il se réveille, lorsque, d’un coup, ses paupières se soulèvent. Son regard sombre capture immédiatement le mien. Néanmoins, il ne bouge pas, se contentant de me mesurer des yeux. Sa voix rauque me fait légèrement tressaillir lorsqu’il me parle :

« Qu’est-ce que tu fais, Clara ?

— Quoi ? Ce n’est pas assez évident pour ton petit cerveau étriqué ? Je t’observe, Vince. »

Sa question me prend de court et mon réflexe de défense est de l’attaquer… comme d’habitude. Même notre séparation n’a pas changé cela.

Je l’ai vexé, je peux le sentir à son raidissement. Il balance sur le côté le plaid lui servant de couverture avant de se lever brusquement. Je me borne à étudier ses réactions. Déformation professionnelle, je suppose !

Son bas de jogging en coton gris ainsi que son débardeur blanc trop large ne rendent pas justice au corps finement ciselé qu’ils recouvrent, je peux le constater lorsqu’il va allumer une bougie sur sa table brune en Formica. Je me remémore alors avec délice chaque muscle dessiné, chaque doigt long et habile, et la douceur de sa chevelure se promenant le long de ma cuisse lorsqu’il y parsemait des baisers, promesses de mille et un plaisirs à venir. Je m’égare dans des pensées qui n’ont pas — plus — lieu d’être. Et pourtant, j’ai un mal fou à détacher mon regard de cet homme sublime. Malgré le haut informe qu’il porte, je remarque que ses pectoraux se sont développés depuis la dernière fois que l’on s’est vus. Cela remonte à combien de temps, déjà ? Environ deux ans… Peu importe ; c’est trop lointain pour avoir une quelconque importance à présent. Si je me le répète encore une centaine de fois, je finirai peut-être par y croire.

En effet, malgré le temps passé, la douleur et la colère, mon corps le désire encore. Je peux le sentir dans mes mamelons qui pointent ou encore dans la chaleur qui m’oblige à écarter le simple drap vert qui irrite ma peau devenue sensible. Et je ne parle pas des papillons qui ont pris possession de mon bas-ventre…

Je sursaute lorsque son ton incisif coupe court à mes pensées érotiques :

« On n’est plus dans ton foutu labo, princesse, alors arrête de me mater comme si tu te réjouissais à l’idée de me disséquer prochainement ! »

De toute évidence, Vince n’a pas deux sous de jugeote, et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre… pas dans ce cas précis, en tout cas !

« Crois-moi, si je voulais te disséquer, mon air serait bien différent, le contré-je, non sans arborer un sourire en coin. Et puis c’est toi qui as insisté pour me garder à l’œil. Tu sais pourtant que je suis insomniaque. Qu’est-ce que je suis censée faire, enfermée de ce trou à rats que tu oses nommer une chambre, pendant que monsieur dort comme un nouveau-né ? Hein ! Dis-moi ! »

Je remue mes bras dans tous les sens pour illustrer mes propos, désignant cette cage à poules de trois mètres par trois où il n’y a qu’un lit, une table et une penderie constituée de tubes en acier. Quelques bougies et une étagère de livres complètent le tout. Il n’y a même pas de puits de lumière ; on dirait un foutu tombeau.

Vince, dont les traits affichent maintenant une humeur taquine, se rapproche pour finir par s’asseoir au pied du lit que j’occupe… son lit, en l’occurrence.

« Oui, je suppose que mon chez-moi ne vaut pas ta suite particulière avec femme de ménage, cuisinière et piscine chauffée. Seulement, rappelle-toi que les petites pièces sombres ont aussi leurs avantages. À moins que tu aies la mémoire courte. Dans ce cas, je peux assurément t’aider à la raviver…

— Cesse de prendre tes désirs pour la réalité, pauvre idiot ! »

Ma colère est fulgurante et elle se lit sur mon visage, si je considère la retraite stratégique de Vince vers la chaise empaillée disposée à côté de la table.

« Ce qu’il a pu se passer entre nous… est bel et bien mort depuis longtemps !

— Alors, pourquoi rester ici avec les Mods ? Qu’est-ce que tu cherches réellement ? Peu importe, en fait ! Tu ne fais pas partie de mon monde. Tu n’as rien à faire ici. J’aurais dû te laisser dans ces bois avec les tiens quand j’en ai eu l’occasion. Au lieu de ça, je me retrouve coincé avec une enquiquineuse de premier ordre dont la mission était de m’étudier afin de trouver le meilleur moyen de m’éliminer. Ce que je peux être con, parfois ! »

Il lève les mains au ciel dans un grand effort théâtral. Malheureusement pour lui, je le connais un peu trop bien pour tomber dans le panneau. Pas cette fois !

« Tout ne tourne pas autour de ta petite personne, Vince. Je me suis expliquée avec Nico sur les motifs de ma décision, et si cela te chiffonne, je te conseille de régler ça directement avec ton père. »

Il refuse de répondre, comme souvent dans ces cas-là. Quand il sait pertinemment que j’ai gagné la bataille. Comparer notre relation à une guerre est certes un tantinet excessif, mais je ne trouve pas de meilleur terme pour la qualifier… c’est dire à quel point elle est foireuse !

La légère luminosité de la bougie met en valeur les traits de son visage, et il me paraît presque irréel tant il est beau à cet instant précis. Il faut vraiment que j’arrive à me contenir si je veux pouvoir mener ma mission à bien. Vince n’a pas sa place dans l’équation. Pire encore : si je l’intègre en tant que donnée, c’est le désastre assuré ! Peut-être ai-je surestimé ma force de résistance à son égard. Même après deux années sans le voir, à la seconde où Art m’a demandé de le libérer et que j’ai ouvert cette satanée porte, que je l’ai vu fièrement dressé devant moi malgré ses blessures, j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même. Il n’appartient qu’à moi de savoir ce que je vais en faire… enfin, et à Vince également. Nous nous sommes fait tant de mal et depuis si longtemps… Comment passer outre pour repartir sur une base saine ? Est-ce seulement possible ? Et Vince désire-t-il la même chose ? Je suis en train de me poser mille questions et je n’ai toujours pas de réponse satisfaisante à apporter à aucune d’entre elles.

« Arrête de te triturer le cerveau, m’interrompt alors la voix nettement adoucie de Vince, tu vas finir ridée bien avant l’âge. »

Malgré nos différends, il me connaît mieux que n’importe qui, y compris mon père… particulièrement mon père ! J’ai la terrible manie de froncer le front lorsque je réfléchis intensément. En temps normal, ma frange bien droite cache ce signe extérieur de mon bouillonnement intérieur, mais, après m’être tournée et retournée dans ce satané lit pendant des heures, je n’ose imaginer la tête que je dois offrir au regard soudainement joueur de mon ami-ennemi — je ne sais plus comment le nommer. J’arrange ma chevelure pour remettre en place mon armure de fortune, et en profite pour relancer la conversation. Je compte bien mettre de l’eau dans mon vin pour tenter de repartir du bon pied avec Vince.

« Je comprends que ma présence parmi vous te perturbe, mais je peux te promettre que mes intentions sont uniquement de vous aider. »

Le grand brun à la peau de miel se rapproche de nouveau et s’accroupit devant moi avant de m’interroger de nouveau :

« Pourquoi ? Pourquoi nous épauler, sachant que cela nuira à ton père ? Et ne me sors pas le speech scientifique que tu as balancé aux autres ce soir. Je n’y crois pas une seconde ! »

Son regard intense, c’est ce que j’ai toujours préféré chez lui, et il sait l’employer à bon escient pour obtenir ce qu’il veut de moi. En l’occurrence, il veut la vérité, et à cet instant précis, totalement envoutée, je ne songe qu’à la lui servir… sans compromis.

« J’étais à Paris quand j’ai appris que le docteur Cortez avait enfin réussi à trouver le virus censé éliminer définitivement les Mods. Crois-le ou non, ma première inquiétude te concernait. J’ai voulu te prévenir. C’est pourquoi je suis descendue à Marlon, prétextant une visite à mon père. Seulement, imagine mon désarroi en apprenant à peine débarquée que tu étais emprisonné. J’ai travaillé au labo dans l’espoir de pouvoir te faire sortir discrètement, mais je n’en ai pas eu l’occasion. Puis tes amis se sont pointés et j’ai quasiment forcé Art à me prendre en otage plutôt qu’un autre !

— Tu insinues que tu t’es délibérément livrée… pour me libérer ! »

L’incrédulité dans sa voix me fait de la peine. Je préfère m’éloigner de lui avant de faire un geste que je pourrais regretter par la suite, comme le gifler… ou bien me jeter dans ses grands bras, qui sauraient me réconforter comme ceux de personne d’autre. Je descends du lit en prenant bien soin de ne pas le toucher, et frissonne légèrement. Je tente de mettre en place une stratégie réfléchie. Il faut que je me base sur du concret, des faits objectifs, et pas des émotions. Ces dernières faussent les données et les résultats. Je prends une grande inspiration et me retourne pour faire face à la personne qui compte le plus pour moi depuis que ma mère est morte, presque treize ans plus tôt.

« Écoute, Vince. Tu peux l’avoir oublié, mais je ne suis pas mon père. Je n’ai jamais voulu votre extinction. Ce serait stupide, puisque vous êtes l’avenir. J’avoue que je n’ai pas toujours fait les bons choix, mais tout ce que je voulais, au fond… c’était comprendre pourquoi les Mods possédaient un tel système immunitaire… bien meilleur que le nôtre. Je voulais aider les miens, c’est tout ! Toi plus que quiconque sais que c’est la plus stricte vérité ! »

Je tente de percevoir ses émotions à travers les traits habituellement expressifs de son visage, mais il garde une posture neutre et ne montre aucun signe. C’est presque pire que s’il laissait sa colère éclater. Je préfère continuer sans me démonter… avant de perdre pied :

« Je peux imaginer ton scepticisme après notre dernière conversation. Mais j’ai changé depuis ; j’ai mûri et je suis prête à faire table rase du passé si tu me laisses une chance. Mais, si c’est au-dessus de tes forces… alors, je m’en irai sans rechigner. Nico m’a déjà proposé une place dans la zone 43. Il paraît qu’ils ont une équipe de chercheurs prometteuse. Je ferai ce que tu veux, Vince… c’est à toi de décider. »

Il n’a pas bougé depuis le début de mon speech, et je finis par croire qu’il ne me répondra jamais, lorsque enfin, il daigne ouvrir la bouche.

« Tu voulais me libérer, alors même que tu me détestes… Je ne comprends pas, princesse !

— Je ne t’ai jamais détesté, Vince, soufflé-je d’une voix à peine audible. Tu m’as fait si mal ce jour-là que j’ai dit des choses que j’ai regrettées à peine avais-tu passé la porte. Nous n’aurons sans doute plus jamais le genre d’intimité que nous avons partagée par le passé, mais je peux tout de même redevenir ton amie. Rappelle-toi que nous l’avons été autrefois… au début ! Moi, je m’en souviens… Laisse-moi te venir en aide. Je connais le docteur Cortez, il m’écoutera ! Soyons unis comme au bon vieux temps, au moins pour cette mission. Si ma présence t’insupporte toujours autant à notre retour, je partirai pour la zone 43 dès que possible. »

Vince se lève et me rejoint en quelques pas avant de coller son corps au mien pour me murmurer à l’oreille :

« Te supporter n’a jamais été le problème et tu le sais ! »

Et, comme s’il ne venait pas d’envoyer un éclair de plaisir me transpercer de part en part, il s’éloigne nonchalamment, juste avant de poursuivre sur un ton calme et posé :

« Et ton père, dans l’histoire ?

— Que veux-tu dire ?

— Tu sais qu’il n’aura de cesse de te récupérer. Réalises-tu seulement à quel point tu nous mets en danger ?

— Je lui écrirai. Il m’écoutera. »

L’éclat de rire hautement sarcastique de mon interlocuteur devrait me vexer ; cependant, je le comprends. Alors, je tente de le convaincre du mieux que je peux :

« Il acceptera si je lui assure que c’est mon choix et si je lui avoue que j’aime un rebelle. Les autres scientifiques ont vu que je suis partie de mon plein gré. Cela confortera mes dires. »

J’ai parlé sans véritablement réfléchir et je réalise mon erreur lorsque Vince me coince avec son corps ferme contre un mur, avec ses mains de chaque côté de ma tête. Le regard qu’il pose sur moi a changé ; je ne pensais pas le revoir un jour… ce désir sous-jacent. Je dois rectifier mes paroles avant qu’il n’en tire ses propres conclusions ; cependant, il est déjà trop tard.

« Tu peux répéter, princesse ?

— Je… Je voulais juste dire que je raconterai à mon père ce qu’il faudra pour qu’il m’abandonne à mon sort. Et c’est clairement la manière la plus efficace. Si je suis avec vous, je suis contre lui et je deviendrai l’ennemi ; je ne vaudrai donc plus rien à ses yeux ! C’est aussi simple qu’un plus un font deux. »

Son souffle près de ma peau se fait saccadé et son regard passe de gauche à droite, comme s’il ne savait pas quoi penser. Ses lèvres entrouvertes appellent à la tentation, et je suis scotchée par une bouffée de désir fulgurante. Du genre que je n’ai connu qu’avec une seule personne dans toute ma vie : lui. Je suis à deux doigts de l’embrasser, lorsqu’il interrompt mon geste en me répondant avec un certain détachement :

« OK, Clara ! Tu peux rester ! Mais ne te fais aucune illusion : si je dois choisir entre toi et les miens… »

Il ne se donne pas la peine de terminer sa phrase et se retourne pour quitter la pièce, non sans moult jurons grognés dans sa barbe.

Je me retrouve en sueur et le cœur palpitant, toujours collée à la paroi rocheuse. Et je dois bien admettre que, pour la première fois depuis mes retrouvailles avec Vince, je ne suis pas sûre de moi. Et si, à force de chercher la rédemption, j’y perdais mon âme ?

5 vues0 commentaire
bottom of page